Il faisait encore nuit quand je sortis de la taverne d’où résonnait le
bruit des flacons de bière qu’on frappait brusquement et de gros « À la
bonne vôtre ! » émergeant du fond de la salle. Je vivais dans un
quartier malfamé, réputé pour ses longues escales qui amenaient des marins
venus de tous les coins du monde… Je me
relevai péniblement et je regardai autour de moi. Un vieux bonhomme me
dévisageait, pipe au bec, et s’approchant de moi, il me donna une tape sur l’épaule
et me dit : « Vieux confrère, va ! »… « Mais… est-ce
que je déraisonne ? La pièce est dans un ordre impeccable, aucune trace de
bataille. Les cadavres ! Où sont les corps ? Ai-je rêvé ? »…
Soudain, la vérité me revint brutalement. Oh malheur ! Oh horreur !
Dans mon état d’ébriété, je me suis trompé de maison et j’ai tué deux
innocents. (Extrait de « Le mauvais jour » de
Francine Gauthier, 15 février 1971)
J’étais en secondaire III et j’ai
eu une note de 84% pour cette nouvelle que ma mère m’a remise quelques mois
avant de mourir. J’ai eu l’idée de la ressortir après avoir accordé, la semaine
dernière, une entrevue au journaliste du Courrier Laval qui m’a demandé quel
auteur avait influencé mon écriture. Je lui ai répondu sans hésiter :
Edgar Allen Poe. Malgré les fautes de syntaxe et les erreurs de vocabulaire, ce
court récit en est la preuve irréfutable.
Les gens qui sont passés me voir
au Salon du livre de Québec ont eu la curiosité de m’interroger sur ce que je leur
réservais après ma trilogie. Dès mon
récit contemporain terminé, j’attaquerai un polar à la Edgar ! Les deux
projets ont allumé des étincelles dans le regard de mes visiteurs, ce qui a
rassuré grandement l’auteure que je suis. Mais avant, je tiens à clore comme il
se doit ma série fantastique. À la soirée de mon lancement, je ferai secrètement
mes adieux à ma Rosemarie et à mon O’Connor. Reposez-vous mes enfants chéris,
vous l’avez bien mérité…
Ceux et celles qui désirent venir
fêter avec moi, il est encore temps de me le faire savoir par retour de
courriel. Je serai ravie de vous recevoir au Café le Signet, 295 boul.
Ste-Rose, Laval, le vendredi 20 avril de 17h30 à 19h30.