Je reviens de la clinique. Misère
! Les virus s’acharnent sur moi cette année ! Pendant que j’attendais et
que j’attendais et que… bon, vous savez comment ça se passe dans nos cliniques
au Québec, je lisais le bouquin que j’ai indiqué sur le blogue.
De temps à autre, je levais les
yeux pour regarder le chiffre affiché sur l’écran. Le mien étant le 374, ils en
étaient rendus au 359. Ça faisait bien au-delà d’une demi-heure que le chiffre
n’avait pas bougé. J’ai compris pourquoi quand la réceptionniste a répondu à un
monsieur très, très impatient qu’un des deux médecins avait été obligé de
quitter pour une urgence à l’hôpital. Houlala, la salle d’attente au complet a
poussé des grognements de colère ! Entre deux quintes de toux, j’ai ronchonné
moi aussi.
Mais bon, j’avais mon roman pour
m’aider à patienter. C’est à ce moment que je me suis demandé pourquoi j’étais
la seule à en avoir un entre les mains. Bien que plusieurs affiches collées
au mur mentionnaient qu’il était interdit d’utiliser le cellulaire, la plupart jouaient
avec leur appareil. Je les entendais pitonner sur leur petit clavier ; les
bing, bing, des jeux sur internet et
les réponses aux textos résonnaient de partout. J’ai compté quatre enfants de
moins de sept ans qui s’y adonnaient à cœur joie ! Un frère et une sœur laissés
là temporairement par leur papa se battaient pour jouer tout en mangeant un sac
de Doritos. Le cellulaire était tout
collé de miettes orange. Aaaark ! La déprime a pris le dessus sur mes
quintes de toux.
Au bout de deux heures, la
docteure, visiblement exténuée, me reçoit et m’ausculte. Elle m’envoie illico à
la radiologie, masque sur le visage. Oh non ! Pas une autre pneumonie !
Après avoir donné mon papier à la réceptionniste, je me suis assise à côté d’une
dame de mon âge environ. Hé ! Que vois-je ! Elle tenait un gros
bouquin entre ses mains. Si vous saviez comment ça m’a rassurée qu’il existe
encore dans ce monde des gens qui privilégie la lecture. Elle n’a pas vu mon large
sourire derrière le masque.
Une réalité s’imposait toutefois. Il
y avait dans cette clinique deux personnes avec un livre pour une trentaine au
moins avec un cellulaire. Est-ce utopique de souhaiter qu’il y ait un revirement
de situation un jour ? Sommes-nous sur le point de céder toutes nos
facultés au piège de la facilité ? Est-ce cela que nous voulons léguer à
nos enfants ?
Il y a matière à s'inquiéter...
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